Un émoi

Une sensation monte en moi,
Une chute vers les étoiles
Un frisson, une chaleur, un émoi,
Mon esprit se meure, ma raison se voile.

Une senteur soudain m’envahie
Vie par un souffle portée
Ranime ma défunte pensée,
Je recouvre mes souvenirs enfouis.

Trop d’images révélées,
Trop de sentiments dévoilés,
Ma pensé submerge raison et foi.
Je ferme les yeux, je ne vois plus que toi.

Nos mains se joignent, s’enlacent,
Se serrent, s’étouffent, puis de guerre lasse
Suivent bras entremêlés
Et visages l’un à l’autre confrontés.

Un corps nouveau me présente ses atours
Je l’accepte et doucement l’entoure
De mes bras de leur prison délivrés
Par leurs geôliers bien trop affairés.

J’entends un souffle ténu, hésitant,
Tremblant et irrégulier, mais puissant.
Il se rapproche, s’imposant,
Voilant tout de ma pensé distant.

Ma joue frémit soudain,
Le souffle brûlant m’a rejoint.
Près d’elle des lèvres se révèlent, se donnent,
Je tourne la tête et m’y abandonne.

Nos lèvres se frôlent, elles sont unies.
Je meure, je revis; je sombre, j’ai des ailes;
Je m’enferme, je m’envole ; je suis moi, je suis elle.
Nous ne sommes rien que deux âmes réunies.

Nos lèvres s’écartent, nos langues se rapprochent.
Un goût sucré me retient,
Je goûte, en redemande et en obtient.
Nos langues soudain s’accrochent.

Nos muscles se raidissent et se tendent.
Vacillant, nous tombons allongés,
L’un à l’autre toujours fusionnés,
Nos langues explorent et hors des lèvres s’étendent.

Mon désir monte en ton sein,
Aiguillonne ton esprit obnubilé ;
Ton désir m’enlace et détient
En son pouvoir ma pensé.

Une larme coule sur ma joue.
Je pleure donc, mais de joie, non de peine.
Elle tombe sur ta joue,
Tu l’accepte, elle se mêle aux tiennes.

Mes asseaux répétés ont tôt fait
De te laisser à moi t’oublier.
Et lorsque ta chaleur recouvre mon corps,
Mon désir est tient, et tu le dévores.

Nul ne saurait nous séparer et pourtant,
Si le plaisir est sans fin, bientôt il culmine
En des cimes et en des cieux hors du temps,
Où nul peintre n’a jamais posé sa mine.

Rage, peine, passion, souffrance,
Amour, haine, bonheur, démence,
Tout implose en nous-même,
Je ne sais plus te le dire, mais je t’aime.

Et nous voilà, deux êtres nus, enlacés,
Recouvrant raison et foi, et douces réminiscences
D’un temps trop vite tombé en décadence
Où deux corps se découvraient, où deux esprits fusionnaient.

Et me voilà, régénéré.
Un nouvel esprit dans un ancien corps
Brûlant d’une flamme qui ne saurait trouver mort.
Je me serre contre ma moitié.

Et te voilà, immaculée.
Une nouvelle beauté écrin d’une magnificence
Brillant d’un éclat qui ne saurait susciter que démence
Tu te blottis à mes côtés.

C’est ainsi que nous cueillera le matin
Lorsque le soleil te caressera mieux que le pourrai ma main,
Alors que la fraîcheur me ramènera ta pensée,
Et que les oiseaux te chanteront tout l’amour que je ne saurai t’exprimer.